Un chemin de la Retirada

Documentaires

Riches d'images d'archives et de témoignages, les films documentaires sont une source formidable d'enseignements.

Tournés pendant la guerre civile, dans l'immédiat après-guerre, ou bien plusieurs dizaines d'années après les évènements qu'ils évoquent, ils diffèrent de la fiction historique dans la mesure où le point de vue qu'ils présentent vise à ne restituer que la réalité.

Cela étant, si les faits sont têtus, la réalité, elle, peut se révéler subjective !

Cinematheque

Légende :
 Le documentaire existe en DVD
 Le documentaire est disponible est Internet

   

Avant 1936 : l'exceptionnel "Terre sans pain" de Buñel

Terre sans Pain (titre original : Las Hurdes, puis Tierra sin Pan), documentaire franco-espagnol de 1933 (27 min) de Luis Buñel   

Tourné en 1932 dans la région des Hurdes, en Estrémadure, ce documentaire exceptionnel donne à voir l'extrême dénuement dans lequel vivent alors les habitants de cette région inhospitalière. Projeté à Madrid en 1933, alors que la droite vient d'emporter les élections et de former un gouvernement à majorité conservatrice, le film fait scandale et est censuré. 

C'était le temps du début du cinéma sonore. Pendant la projection, le réalisateur commentait depuis une cabine, les images qui s'affichaient à l'écran. Le texte était lu sur un ton d'indifférence et d'apparente objectivité, c'est ce qui fera dire à ses détracteurs que Buñuel est un sadique qui se divertie de la misère qu'il filme. Mais l'intention est toute autre : montrer la réalité crue au spectateur, l'obliger à la refuser pour que ça change.

Deux ans plus tard, la censure est levée. A la fin de l'année 36, le documentaire est traduit et l'année suivante, le film est projeté à Paris.

Aujourd'hui, Terre sans pain continue de surprendre.

Le Centre régional de Documentation Pédagogique de l'Académie de Lyon a édité un double DVD comprenant les 2 versions du film (censurée, complète), ainsi que de nombreuses ressources dont, notamment, des articles de presse.

De 1936 à 1975 : reportages "à chaud" et premières rétrospectives

L'Exode d'un peuple, documentaire français de 1939 (36 min) de Louis Llech 

Le film est muet. Les images filmées, montées et chapitrées par un perpignanais, cinéaste amateur et témoin de la Retirada, sont simplement accompagnées à l'accordéon (mélange d'improvisations et de thèmes historiques). Depuis le versant espagnol jusqu'aux camps de concentration de la plaine, en passant par la ligne de crête, les postes-frontières et les campements provisoires, Louis Llech nous donne à voir l'évènement, sans fard ni pathos, comme si nous étions là, debout à côté de lui, au bord du chemin.

Mourir à Madrid, documentaire français de 1963 (82 min) de Frédéric Rossif 

Rétrospective de la guerre civile depuis les scènes de liesse populaire du 12 avril 1931 jusqu'au défilé de la victoire du 19 mai 1939, ce film est dédié aux correspondants de guerre morts à Madrid, ainsi qu'à tous les journalistes, reporters, cameramen qui ont accompli leur travail en Espagne. Les images d'archives proviennent de divers fonds (URSS, USA, France, Allemagne et Espagne). Les commentaires sont clairs et concis. Il est longtemps resté le documentaire le plus complet (pour ne pas dire le seul !) sur la guerre d'Espagne.

Depuis 1975 : Récits et analyses des evènements marquants des années 1936 à 1975

Titres classés dans l'ordre alphabétique

La 2e DB, de Paris au refuge d'Hitler, documentaire français de 2013 (52 min) de Philippe Tourancheau.

Entre images d'archives et témoignages de vétérans, ce film retrace le parcours de la 2ème Division Blindée depuis son débarquement en Normandie le 1er août 1944, jusqu'au Kehlsteinhaus, le nid d'aigle d'Hitler, le 4 mai 1945. L'épopée de la 2e DB est captivante mais le documentaire passe totalement sous silence la présence de républicains espagnols dans les rangs de la division. On n'y apprend donc rien sur la Nueve .

Camp d'Argelès(titre original : Camp d'Argelers), documentaire catalan de 2009 (90 min) de Felip Solé

Ce reportage est une rétrospective du camp de concentration d'Argelès-sur-Mer, le 1er et plus grand "camp de sable". Avec rythme et selon une narration cohérente, le documentaire alterne images d'archives, paroles d'internés et de témoins, ainsi que séquences de la vie quotidienne reconstituées à partir de témoignages. Ces séquences mettent en scène des figurants, pour la plupart descendants des internés de 1939-41, dans un décor recréant une partie du camp sur cette même plage d'Argelès. Le tout donne un excellent documentaire illustrant parfaitement la nature des camps français de la IIIème république.

Espagne : le pays fracturé, documentaire allemand de 2022 (52 min) de Marcel Mettelsiefen

A l'heure où les idéologies se radicalisent partout en Europe, la fracture entre les extrêmes est plus marquée en Espagne qu'ailleurs. Est-ce du seul fait que l'Espagne à rouvert les fosses du franquisme ? Le documentaire passe en revue les origines d'un phénomène qui s'amplifie depuis 15 ans (mémoire historique, crise de 2008, mouvement des indignés, indépendantistes catalans...) et en filigrane, répond à La question qui les concentre toutes : à qui profite une fracture soutenue par une classe politique qui exacerbe les passions ?

L'Espoir pour mémoire, documentaire français de 1993 (2 x 52 min) de Jorge Amat

Chronique des anciens combattants des Brigades internationales en Espagne, ce film alterne images d'archives et témoignages d'anciens brigadistes. En 1936, ces hommes et ces femmes, tous volontaires, ont tout quitté pour aller se battre pour une cause que leurs gouvernements rejetaient. Jorge Amat leur donne la parole afin qu'ils nous parlent de leur engagement, de leur lutte, de leurs motivations, ainsi que de leurs destinées. Il existe 2 versions de ce film : celle que j'ai vue et une plus récente, réalisée en 2008, de 3 x 52 min.

L'Expédition, documentaire catalan de 1995 (95 min) de Felip Solé

Ce documentaire relate sans parti pris les évènements qui se sont produits aux Iles Baléares de 1936 à 39. Une voix off contextualise, sans les commenter, les images d'archives ; Felip Solé laissant le spectateur se faire son idée. Le récit est entrecoupé de témoignages : le réalisateur donne à entendre la voix des deux camps aux travers d'interviews de protagonistes survivants. Ces propos, recueillis en 1995 soit 20 ans après la mort de Franco, sont édifiants. A voir absolument !  

Les Fosses del Silenci, documentaire espagnol de 2003 (50 min) de Montse Armengou et Ricard Belis

Ce documentaire retrace la répression franquiste, l'élimination systémique de milliers de civils, sympathisants réels ou supposés de la cause républicaine et de la découverte, au début du XXIème siècle, des charniers et des fosses communes.  Tabous, mémoires blessées, souvenirs interdits et refoulés,... des témoins se souviennent et racontent. Armengou et Belis ont réalisé deux autres documentaires : Los niños perdidos del franquismo et El convoy de los 927. Les trois documentaires ont été primés.

Franco, le dictateur oublié, série documentaire allemande de 2015 (4 x 52 min) de Isabel Andrés et Ina Kessebohm

En 4 épisodes intitulés "Naissance d'un dictateur", "Un nouveau régime", "Une dictature légitimée" et "Les années de plomb", ce documentaire brosse le portrait d'un homme aux multiples facettes et fait le récit de son parcours hors du commun. Certains commentaires de la voix off m'ont fait sursauter. Je ne sais pas si ces approximations sont le fait de la traduction en français ou sont déjà présentes dans le texte original. En dehors de ça, la série est plutôt bien.

Franco, fragments de mémoire, documentaire français de 1995 (72 min) de Yvon Gérault

Lorsque Francisco Franco Bahamonde s'éteint le 20 novembre 1975, et bien qu'il ait lui-même réglé les termes de sa succession, tous se demandent ce qu'il va advenir de l'Espagne, tant la figure du Généralissime est étroitement liée à celle de la nation toute entière. Figurant parmi les bonus sur le DVD du film "Lettre à Franco", ce documentaire revient sur l'Espagne franquiste, la personnalité et le parcours du Caudillo, et l'héritage que Franco a laissé au pays, un héritage encore bien présent aujourd'hui.

Franco, l'homme à abattre, documentaire allemand de 2016 (50 min) de Daniel Guthmann et Joachim Palutzi

Tout au long des 40 ans passés à la tête, d'abord des militaires rebelles, puis du régime qu'il a instauré en Espagne, Francisco Franco a essuyé des attentats. Les archives révélées après la mort du dictateur en dénombrent plus de 20. Mêlant interviews, reconstitutions et images d'archives, le documentaire donne la parole à quelques-uns des hommes qui ont tenté de tuer Franco. Ils disent leurs motivations, révèlent leurs plans et les raisons de leur échec.

Los lavios apretados, documentaire espagnol de 2018 (91 min) de Sergio Montero Fernández

Sergio est asturien. Il est fils de mineur. Pourtant, il ne sait rien des évènements qui se sont déroulés dans cette région en 1934 ; évènements auxquels a participé son père. C'est au hasard d'un voyage et d'une rencontre que l'Histoire va se révéler à lui : en octobre 34, en réaction à l'arrivée au pouvoir de la droite réactionnaire, une grève insurrectionnelle est lancée. Le mouvement échoue à peu près partout en Espagne, sauf dans les Asturies où le gouvernement dépêche son armée sous la coordination d'un certain Franco...

Majorque, années 1930 : la fin d'un refuge, documentaire allemand de 2022 (52 min) de Christian Buckard et Daniel Guthmann

Le documentaire est construit en 2 parties. La 1ère (env. 20 min) dévoile, aux travers d'exemples, les très nombreux attraits que Majorque revêtait au début des années 30 pour les artistes, intellectuels, opposants et pacifistes allemands, juifs ou non, menacés par la montée du fascisme. La 2nde (env. 30 min) raconte comment, dès le déclenchement de la guerre civile, l'île-refuge s'est mue en un piège mortel. Au passage, les réalisateurs mettent en lumière les évènements marquants qui, de 1936 à 39, ont secoué l'île et sa capitale.

El Silencio de otros (= Le Silence des autres), documentaire espagnol de 2018 (96 min) de Almudena Carradedo et Robert Bahar

En 1977, deux ans après la mort du dictateur, l'Espagne vote la loi d'amnistie générale qui libère les prisonniers politiques mais interdit le jugement des crimes franquistes. Ce film décrit le long combat que mènent des citoyens espagnols pour que justice soit rendue aux victimes et faire condamner les coupables. Prix du Public et Prix de la Paix à la Berlinale 2018. Goya du meilleur documentaire en 2019. Je l'ai vu lors de sa sortie au cinéma et, ainsi que tous ceux présents dans la salle obscure, j'en ai été bouleversée.

Ils m'ont été recommandés mais je ne les ai pas encore vus...

30 años de oscuridad, documentaire de 2012 (85 min) de Manuel H. Martín.

Antonio Machado, los días azules, documentaire de 2020 (94 min) de Laura Hojman

Camps de femmes, documentaire de 1994 de Rolande Trempe et Claude Aubach

El convoy de los 927, documentaire de 2004 de Montse Armengou et Ricard Belis.

Engagés volontaires, se battre pour des idées (2/4) : la désillusion. Les femmes en Espagne, documentaire de 2018 de Pauline Maucort et Diphy Mariani.

Espoir, sierra de Teruel, film réalisé par André Malraux et Boris Peskine en 1938-1939 et sorti en 1940  

La France des camps 1938-1946, documentaire de 2010 (90 min) de Jorge Amat, écrit avec Denis Peschanski

Indésirabili, documentaire de 2010 (52 min) de Chiara Cremashi.

Le Mur des oubliés, documentaire de 2008 (82 min) de Joseph Gordillo.

Los niños perdidos del franquismo, documentaire de 2002 de Montse Armengou et Ricard Belis.

No pasarán, album souvenir, documentaire de 2003 (70 min) de Henri-François Imbert.

Toute entière dans le paysage, documentaire de 2016 de Delphine De Blic.

La Tragédie des Brigades internationales, documentaire de 2016 de Patrick Rotman.

Vivre l'utopie, documentaire de 1997 (94 min) de Juan Gamero, Francisco Rios et Mariano Roca

 

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