Drame, en noir et blanc, 1967 (téléfilm en 2 épisodes : 1h27 et 1h47) de Jean Prat, France .
En octobre 1939, alors que la France vient de déclarer la guerre à l'Allemagne et que la mobilisation a vidé les campagnes, des réfugiés espagnols trouvent à être employés dans les exploitations agricoles. Lucien Bouchot, vigneron dans le Jura, en a engagé deux pour les vendanges permettant ainsi à Pablo (=l'Espagnol) et à Enrique de quitter le camp du sud de la France où ils étaient internés, pour le petit village de Château-Chalon. Pablo n'a plus rien en Espagne. Il y a tout perdu : sa femme, sa maison, sa carrière de dessinateur,... et tous ses projets d'avenir. L'Espagnol est un homme brisé, désenchanté, hanté par ses souvenirs, qui ne parvient à trouver l'oubli et la paix que dans le travail harassant de la terre. Enrique, lui, ne veut pas de ce quotidien de labeur et quitte rapidement la ferme pour continuer la lutte...
Se contenter de ne voir qu'une seule des deux parties du téléfilm n'aurait aucun sens. L'action de la première partie, intitulée "l'Étranger dans la vigne" se déroule sur un peu moins d'un an, depuis l'automne 1939 jusqu'à l'arrivée des soldats allemands dans le village en 1940. La seconde "les Dernières vendanges" nous amène jusqu'à la victoire de 1945. Au cours de ces années, il est question de la vie ou plutôt du retour à la vie d'un homme que la guerre a brisé et qui se reconstruit par le travail de la terre.
Je n'ai pas lu le livre de Bernard Clavel mais je n'ai aucun doute sur le fait que le téléfilm lui soit tout à fait fidèle car l'auteur a lui-même participé à l'adaptation de son roman, notamment en en écrivant les dialogues. Quant à Jean Prat, le réalisateur signe-là l'une des œuvres emblématiques de la télévision française ; un chef d'œuvre disent les initiés.
Quoi dire si ce n'est que j'ai été très touchée, bien sûr, par le personnage de Pablo dont le parcours me rappelle celui de mon aïeule. Libérée d'un camp grâce à un exploitant agricole qui lui a signé un contrat d'embauche, c'est à partir de là qu'elle a pu, elle aussi, construire sa vie d'immigrée en France.
Mais, j'ai tout aussi apprécié de voir à l'écran la vie quotidienne des campagnes françaises telle qu'elle était avant 1950 et, franchement, c'est stupéfiant de se rappeler comment étaient les choses il y a si peu longtemps, quant tout n'était pas encore qu'une incessante et bruyante agitation.
Alors ça donne quelques longueurs, oui, mais c'était aussi ça le temps d'avant, quand on savait encore s'accorder des moments hors du temps faits de plaisirs à la fois simples et essentiels, comme pouvait l'être un instant de contemplation devant une nature que l'on peinait à apprivoiser. Si ce rythme lent m'a convenu, je crains toutefois que les longueurs ne déconcertent beaucoup un jeune public biberonné aux bandes-sons tonitruantes et aux images frénétiques des super-productions américaines !
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