Emilio SILVA BARRERA et Santiago MACÍAS PÉREZ sont tous deux petits-fils de républicains. Devenus militants de mémoire, ils ont fondé en 2000, avec d'autres descendants de "vaincus", l'Association pour la Réhabilitation de la Mémoire Historique (ARMH) afin de retrouver les disparus jetés dans les fosses communes sous le franquisme. Trois ans plus tard, il cosignaient Las Fosas de Franco, un livre dans lequel ils rendaient compte de leurs travaux et des témoignages recueillis. En 2005, tandis que l'édition française sortait en librairie sous le titre Les Fosses du franquisme, il demeurait toujours en Espagne près de 40 000 corps ensevelis dans plus de 600 charniers.
Les Fosses du franquisme :
SILVA signe la 1ère partie de l'ouvrage, celle intitulée "Chronique d'une déception". Il y décrit avec minutie comment il est parvenu à découvrir l'endroit où son grand-père et 12 autres hommes ont été assassinés en octobre 1936, à reconstituer au travers de plusieurs témoignages les circonstances de leur disparition, à faire ouvrir la fosse où les corps reposaient depuis leur inhumation illégale, et à donner à ce grand-père une sépulture digne de ce qu'avait été sa vie. Il raconte également de quelle manière cette recherche personnelle s'est peu à peu muée en un mouvement citoyen, l'ARMH, qui a gagné toute l'Espagne.
La 2nde partie intitulée "Les Fosses de la mémoire" est signée MACÍAS. Ce dernier a recueilli et enregistré la parole de témoins, de survivants, de gens qui ont vécu la période de la répression, pour leur faire une place dans la mémoire collective et témoigner de la réelle dimension de la répression franquiste. Au travers des récits de ce que fut leur vie, les personnes disparues retrouvent un nom, un visage, une identité et une dignité... tandis que les récits des circonstances de leur disparition nous soulèvent le coeur.
Pourtant dès la préface, nous - lecteurs - avions été prévenus ! L'ouvrage repose sur un parti pris, celui de ne parler que des victimes, celles d'une répression qui n'a pas été le fruit du désordre mais a procédé d'une organisation délibérée et systématique mise en œuvre dans le but d'éradiquer l'ennemi et de marquer durablement le peuple espagnol. J'aurais donc dû m'attendre à ce que la lecture de ce que je nommerai ici un rapport d'autopsie, l'autopsie d'un meurtre politique à grande échelle, allait me donner la nausée. Mais parvenue aux trois quarts de l'ouvrage, elle m'a tout de même submergée !
Je n'en demeure pas moins convaincue que Les Fosses du franquisme est une lecture nécessaire, si l'on veut comprendre pourquoi la mémoire des crimes du franquisme s'est réveillée près de 30 ans après la chute du régime qui les a perpétrés, et saisir les motivations des familles des disparus.
Enfin, si vous souhaitez en savoir davantage sur l'Association pour la réhabilitation de la mémoire historique, je vous invite à visiter le site de l'ARMH : https://memoriahistorica.org.es/. Vous y trouverez notamment un moteur de recherche qui vous permettra de requêter dans la liste nominative des personnes au sujet desquelles l'ARMH dispose d'informations dans ses archives : https://memoriahistorica.org.es/listados-de-victimas/.
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