Les auteurs :
Felipe Hernández Cava est actuellement l'un des plus importants scénaristes espagnols. Quant à Federico del Barrio, ce n'est pas un débutant non plus ! Ces deux artistes ont travaillé quelques temps ensemble et Le piège est l'un des albums nés de cette collaboration.
A voir aussi dans notre bédéthèque : Les Serpents aveugles, un autre album signé Felipe Hernández Cava.
La 4ème de couverture :
1945. Les attentats et assassinats qui secouent Madrid trouvent un écho dans la bande dessinée pourtant très conventionnelle que publie en feuilleton Enrique Montero, un ancien républicain communiste. Ses anciens amis demandent au dessinateur de reprendre du service pour aider à piéger l'un des leurs qui enfreint les consignes du parti... Mais Enrique ne veut ni résister ni survivre en trahissant : il voudrait avant tout oublier.
Le Piège rend hommage aux auteurs de BD de l'après-guerre et ressuscite, dans une ambiance volontairement oppressante, une page noire de l'histoire espagnole.
Pourquoi j'ai aimé cet album ?
Le Piège est venu s'ajouter à ma collection d'albums il y a longtemps. Plusieurs mois. Mais, bien que sa couverture ait tout de suite piqué ma curiosité, j'ai retardé le moment de m'y plonger. En y réfléchissant, je dirais que c'est tout ce noir, celui qui se dégage de ses pages, qui me rebutait...
Sa lecture a confirmé ma première impression. Mais qu'il est noir cet album !
Noir, le dessin. La couverture donne le ton. On comprend vite que le noir va recouvrir l'essentiel des cases. Parfaitement maîtrisé, ce parti pris graphique plonge immédiatement le lecteur dans une atmosphère très sombre et inquiétante. Impossible de ne pas faire le parallèle entre dictature franquiste et page noire de l'Histoire de l'Espagne.
Noir, le récit. Je ne dévoile rien du scénario afin que vous puissiez, comme moi, être surpris. Mais comme dans un film noir, notre héros se trouvera peu à peu emprisonné dans une situation et acculé à des décisions désespérées. Dans Le Piège, les pièges sont partout. Il y a ceux que l'on tend, ceux que l'on déjoue, ceux que l'on essaie d'éviter et celui, institutionnalisé, dont sont captifs tous les personnages.
Contrastant avec tout ce noir, les épisodes contés par le personnage principal (qui, je le rappelle, est dessinateur de bandes dessinées) forment une BD dans la BD. Ses vignettes mettent en scène un intrépide aventurier aux prises avec de vilains méchants. Les dessins sont très clairs et le scénario d'une grande naïveté. Ces planches détonnent et accentuent la noirceur du récit principal. Les deux histoires, principale et secondaire, se font écho et finissent par se répondre...
Le Piège est un très bon album. Sombre et oppressant. A ne pas ouvrir si on n'a déjà pas le moral !
Pour terminer cette chronique, je souhaite soumettre à vos commentaires une interprétation toute personnelle : Le Piège ultime, celui du titre, celui qui s'écrit au singulier, ne serait-il pas de laisser se perpétrer le mémoricide ?
Description : BD adulte. 1 volume (64 p.) pour l'édition française éditée par Actes Sud, 2008.
Première édition sous le titre El Artefacto perverso, édité par Planeta DeAgostini Comics, 1996.
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