Les auteurs :
Carlos GIMÉNEZ, dessinateur espagnol de bandes-dessinées, est un artiste prolifique mais il est surtout connu pour ses albums autobiographiques dont il signe à la fois le dessin, les textes et le scénario. Ses jeunes années dans l'Espagne franquiste lui ont inspiré Paracuellos où on le découvre enfant dans un foyer de l'assistance sociale et Barrio où on le retrouve adolescent à Madrid.
La 4ème de couverture : Pas de texte.
Pourquoi j'ai aimé cet album ?
En 1977, Carlos Giménez commence la réalisation d'historiettes inspirées de son adolescence. D'abord publiées dans la revue El Papus, elles sont rassemblées en 1978 par les Ediciones de la Torre dans un format album sous le titre Barrio. Il en sortira 4 volumes. Seul le 1er volume est traduit et publié en France : c'est en 1980 dans la collection "Les albums Fluide Glacial". Il faudra attendre 2011 pour Barrio - l'intégrale en français.
Personnellement, j'ai découvert Barrio avec l'édition de 1980 qui contient les 20 premières historiettes. L'album s'ouvre sur celle intitulée "home sweet home" qui fait le lien avec Paracuellos (que Giménez réalisera plus tard). L'histoire commence dans un collège de l'assistance sociale. Quelques vignettes posent le contexte en décrivrant le quotidien du pensionnat. D'entrée, la dureté de ce quotidien saisit le lecteur.
Le ton est donné. On va pas rigoler !
Carlos, le personnage principal, 12 ans, quitte l'internat un matin d'hiver pour retourner chez lui, retrouver son quartier, le barrio. S'en suivent une série d'anecdotes racontant les repas en famille, le travail d'apprenti, les blagues des copains, les courses pour la femme du patron,... et chemin faisant, on découvre un collègue, un garde civil, un commerçant, une fille,... et c'est tout le Madrid des années 50 qui s'anime.
Les yeux du lecteur suivent le regard du jeune garçon et se posent sur les scènes de la vie courante d'un après-guerre marqué par la faim et la misère. Mais si plus de 10 ans ont passé depuis la fin de la guerre civile, les comptes ne sont pas soldés pour autant et, à tout moment, une situation anodine, une banale discussion ou un simple concours de circonstances peut faire de vous la prochaine victime du régime. Par petites touches, vignette après vignette, l'air de rien, le lecteur prend la mesure de ce que ça impliquait de vivre, jour après jour, dans l'Espagne de Franco. Edifiant.
J'ai souri deux fois, ou peut être trois. Le reste du temps, j'avais mal pour le petit Carlos et pour son entourage, et pour tous les autres en fait... enfin, presque tous ! Barrio est un album marquant parce qu'on n'est pas dans la fiction. C'est une lecture dont on ne ressort pas indemne, comme toujours lorsque l'on est témoin d'une violence injuste et froide.
Je n'ai jamais lu de BD relatant l'après-guerre avec autant d'intensité. Ici, la bande-dessinée n'est plus un divertisement. Elle est un avertissement. Elle dit : n'oublie pas !
Description : BD adulte. 1 volume (50 p.) en français, édité par Audie, collection "Les albums Fluide Glacial", 1980.
Aussi Barrio - L'intégrale. 1 volume (144 p.) en français, édité par Fluide Glacial, 2011.
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